Le potager sans engrais artificiels, c’est beaucoup mieux. Mais il faut alors apporter de l’engrais naturel et le truc classique, c’est le compost, lequel est produit dans un composteur…
J’ai réalisé successivement un, puis un deuxième, puis trois et quatre composteurs.
C’est le souci de faire les choses au mieux, mais surtout la découverte de belles ressources locales pour les remplir, qui m’ont stimulé dans cette mise en place. Car avec quelques petits déchets de tonte et les épluchures du quotidien, on ne remplit pas vite un grand composteur, on n’a pas assez pour enrichir un potager, même s’il ne fait qu’environ 80 m2 !
J’avais commencé à m’y impliquer à la fin de l’automne dernier (hiver 2013-2014), alors que je venais de décider de créer un potager, en allant ramasser les feuilles mortes dans le jardin d’une voisine absente pour tout l’hiver. Ainsi, nettoyai-je son jardin et me suis-je approvisionné en substance compostable. Des feuilles de tilleuls : 7 arbres assez grands et un énorme me donnèrent à remplir patiemment 7 sacs poubelle de 100 litres avec ce que le vent n’avait pas emporté ou rendu inaccessible. Question matière, c’était un bon début. Avant que le composteur ne fut construit, des semaines, et même quelques mois, passèrent; le printemps vint.
J’avais mon idée en tête : ne pas me contenter d’un simple, d’un médiocre car de forme incertaine, tas de détritus végétaux pourrissants, mais organiser un lieu qui aurait un peu d’allure (ou mieux) et contiendrait de façon orthogonale et avec envergure le déchainement discret mais massif de l’oeuvre bactérienne et mycélienne…
Avec des palettes !
Pour construire cela, l’idée bien connue d’utiliser des palettes de bois, de récupération, s’imposa vite à moi.
Il me fallut donc, pour la première fois de manière assez organisée, me mettre en quête de ces palettes, apprendre les lieux où les trouver et le moyen de les prélever. C’est l’occasion de découvrir un sujet étonnant : les palettes sont désormais un élément-clé de notre monde marchand, lequel nécessite beaucoup de transports de masse et de stockages. Les palettes sont donc désormais partout présentes dans notre environnement, comme les plaques d’égout, par exemple. On ne peut circuler sur route sans en voir un peu partout. Et il s’est formé un petit peuple de récupérateurs qui agissent discrètement et concourent au recyclage de tout ce qui peut l’être et auquel je me joignis avec mes modestes moyens : ma voiture, une berline, n’est pas adaptée au transport de palettes. Aussi me faut-il souvent replier les sièges arrières afin de pouvoir entrer 3 à 5 palettes maximum, selon leur taille et leur emboîtement possible ou pas. Par chance, il y a tout juste un mètre de passage entre les deux montants arrières de la voiture et je peux y glisser les palettes dont c’est une des dimensions standard.
La récupération est un peu compliquée par le fait qu’il y a des palettes de différentes dimensions, des palettes consignées auxquelles il ne faut pas toucher, de la concurrence (surtout en saison froide car bcp de palettes servent finalement à se chauffer, après découpe à la scie) et des intervalles plus ou moins larges entre les planches : les meilleures palettes pour construire un composteur étant celles dont les planches sont peu espacées (car ça évite d’avoir à combler les vides) mais ce sont les plus rares.
Bon finalement j’ai constitué mon stock et trouvé toutes celles qu’il me fallait pour réaliser les composteurs de mes rêves…
Vue d’ensemble des composteurs. A droite les n°1 (C1) et 2 (C2) et à gauche les n° 3 (C3) et 4 (C4).
Les composteurs C1 (à gauche) et C2. Ce dernier a été bricolé en vitesse afin de pouvoir y déverser le contenu de C1. La partie avant (les portières) est mal organisée. Ça ferme, mais c’est moche et ça tient mal.
Les composteurs C3 (à droite) et C4 sont mieux élaborés. Construits en même temps, ils exploitent au mieux l’espace disponible, pour prendre appuis sur les murs de cette ruine-partiellement-reconstruite-puis-abandonnée.
La partie avant se compose de trois « portières » (des sections longitudinales de palette) enchâssées dans des glissières verticales faites de tasseaux provenant, eux aussi, de la récupération. En bas une première portière peu haute et qui, fixée aux panneaux verticaux, contribue à la rigidité relative de l’ensemble. Au-dessus une portière médiane, assez haute et amovible pour faciliter le remplissage et le vidage. Enfin, une troisième portière, nécessaire pour un bon remplissage. Sur les photos, les portières médiane et haute du composteur C4 -alors encore vide- sont déposées à l’intérieur. Depuis, Leur tranche haute a été couverte de planches afin que des lambeaux d’apports ne tombent pas dans le vide intérieur de leur structure.
Mais dans ces compartiments, quel contenu ? !
Le remplissage lui-même à évolué.
Le premier remplissage, en hiver, ne put recevoir que des feuilles mortes dans lesquelles, à rythme régulier, furent insérés de petites couches de crottin de cheval : La chance veut que, dans le pré attenant, trois chevaux paissent… et se soulagent. Avec l’autorisation des propriétaires, je suis allé récupérer une huitaine de sacs de boulins et en ai enrichi, par couche, mon compost.
Quand, l’été venu, j’ai pu enfin construire le deuxième composteur (C2) et y transférer la matière, j’ai découvert, tardivement pour mon goût d’impatient, que faute d’un bon brassage, beaucoup de feuilles étaient restées collées en paquets et avaient été peu digérées. Cela me stimula dans l’idée de mettre en place le nécessaire? Peu après j’ai incorporé le produit de cet essai à une partie du jardin et il s’y est bien incorporé. Il me fallait faire de la place car, côté « matière » les choses prenaient tournure :
C’est le contenu qui compte… et il faut le trouver…
J’ai pu commencer à disposer de déchets de tonte grâce à l’employé communal qui, après tonte du square municipal tout proche vida, à ma demande, son bac de tondeuse (800 litres) devant mon terrain au lieu d’emporter cela au loin… Survint alors une exquise découverte : A proximité du stade de foot, le lieu de vidage du bac de la tondeuse : Une surface telle qu’un terrain de foot, ça produit de jolis tas d’herbe coupée ! De l’herbe courte et tendre, car coupée fréquemment. Et en plus, dans ce dépôt, elle a déjà fermenté, de quelques mois à quelques années, suivant les tas : un beau gain de temps ! C’est ainsi que le deuxième composteur a été alimenté avec de la matière déjà fort brune, enrichie de lits de crottin et de saupoudrage de sciure de chêne récupérée dans une usine de fabrication de douelles sise dans la commune voisine. L’organisation de collecte avait pris forme et permettait tous les espoirs, comme d’envisager d’avoir deux composteurs de plus. C’est au milieu de l’été que je pu remplir C1 avec cette matière optimisée. C’est au cours d’un de mes aller-retours au terrain de foot que je rencontrai Anne et Oswald, que des soucis d’attelage avaient obligé à s’arrêter là. Une photo que je fis d’eux sur ces lieux sont visibles dans un des articles de leur blog.
C3 a été rempli d’herbe de tonte fraiche, alternée de lits de crottin, d’orties, de prèle, de sciure et d’un peu de feuilles de consoude. Au fil des brassages, tout cela va se mélanger et donner un produit riche.
Le quatrième composteur doit rester vide afin de permettre le brassage des trois autres par transfert d’un plein vers un vide. Une action assez physique. Je l’ai testé en transférant C2 dans C4. La matière n’y représentait plus que la moitié du volume et était très dense, comme de la terre. C’est lourd. L’action suivante consistant à transférer C1 dans C2 et puis C3 dans C1. Et ainsi de suite en rotation.