J’étais arrivé à la conclusion que « L’ignorance ne peut pas se connaître (elle-même) » à quoi il m’a fallu ajouter « ni la bêtise ». Une formule pour expliquer la terrible raison pour laquelle certain.e.s peuvent se complaire dans un rapport au savoir médiocre et stupide. Mais pas forcément malheureux car, comme le dit un proverbe, on peut être imbécile et heureux à la fois.
J’ai donc lu (pages 88 et 89) avec ravissement le passage suivant de Pierre-André TAGUIEFF dans son livre LES THÉORIES DU COMPLOT (Que-sais-je? 2021) :
« D’autres problèmes d’interprétation se posent, qui s’ajoutent à ceux que posent les croyances fausses, en particuliers les problèmes liés au biais cognitif appelé »effet Dunning-Kruger » ou »effet de surconfiance » selon lequel les individus les moins qualifiés, n’ayant pas conscience de leur incompétence, surestiment leur compétence. On en trouve une formulation partielle quand Charles Darwin, dans La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe (1871) remarque : »L’ignorance engendre plus fréquemment l’assurance que ne le fait la connaissance ». Le phénomène est celui de la méta-ignorance, c’est-à-dire de l’ignorance de l’ignorance, qui produit de la confiance en soi, voire de l’arrogance. La difficulté de reconnaître sa propre incompétence s’explique par une faible intelligence et un savoir insuffisant. Or, nombre d’entrepreneurs et de croyants complotistes sont à la fois ignorants, intellectuellement médiocres et sûrs d’eux-mêmes. Ils sont dénués du moindre doute quant à leurs capacités cognitives et à leurs connaissances, ce qui les rend imperméables à la critique et insensibles au ridicule »
Voilà brillamment résumé une des source majeures du comportement complotiste !